Le Christ-Roi par Charles VAUGIRARD
Le Christ-Roi pour un Royaume ici et maintenant
par Charles VAUGIRARD
Aujourd'hui nous fêtons cette magnifique fête du Christ-Roi et nous entendons à la messe le Christ répondre à Pilate : "Mon Royaume n'est pas de ce monde". Réponse puissante qui reste mystérieuse et que nous avons parfois du mal à comprendre.
On imagine souvent que Jésus nous dit que le Royaume de Dieu n'est pas sur terre mais au Ciel et que nous le verrons après la mort. Or, rien n'est plus faux. Bien sûr, le Ciel fait partie du Royaume de Dieu, mais on oublie que le Royaume commence sur terre, oui, sur terre, très concrètement ici et maintenant.
Mais alors que signifie cette réponse ? En fait, Jésus donne la réponse : les rois de ce monde ont des soldats qui se battent et donnent leur vie pour que le roi aient la vie sauve. Or le Christ-Roi fait tout l'inverse : c'est lui qui donne sa vie pour sauver la vie de ses fidèles. Son Royaume n'est pas de ce monde car il ne suit pas la logique de l'esprit du monde. Le Royaume de Dieu est un monde à l'envers. Et il commence dès maintenant car Jésus nous demande de l'imiter : par le lavement des pieds il nous a demandé que les dirigeants doivent être des serviteurs et non des gens servis. Le Royaume de Dieu passe à travers nous, nos mains, et c'est parce qu'il passe par nous qu'au baptême nous devenons prêtres, prophètes et rois. C'est aspect là de la royauté du Christ est le Christ-Roi serviteur.
Mais il y a aussi un autre aspect qui peut sembler contradictoire : le Christ Roi servi, honoré qui apparaît dans Matthieu chapitre 25. Là le Christ nous dit que chaque fois que nous avons aidé un pauvre, un malade, un prisonnier, un petit, c'est à lui que nous l'avons fait. Ce passage a beaucoup inspiré les tenants d'une théologie de la Libération (dans sa version orthodoxe je vous rassure). C'est très important, les pauvres seraient les rois et nous leurs serviteurs. C'est juste, mais je crois vraiment que ça doit être lu comme un aspect complémentaire du Christ Roi serviteur. En fait, il y a là comme l'alpha et l'oméga dans l'apocalypse : tout vient du Christ, tout va vers lui. Le Christ nous met en mouvement de service pour mieux le servir à travers les pauvres. Et en notant bien que nous tous, dans notre vie, pouvons être un pauvre. Un riche en soin palliatif, ou en prison devient alors un pauvre. Le Royaume de Dieu est là, ici et maintenant, dans le serviteur qui rend service à l'autre, dans le secours aux plus faibles, poussé par l'amour que Dieu nous commande.
Un dernier mot : est-ce que ce Royaume peut avoir une traduction politique ? Question piège tant la tentation politique est grande et tant le Christ lui-même a évité de faire le jeu politique de l'époque.
En réalité, l'Evangile n'est pas une idéologie politique. Mais si les hommes politiques chrétiens qui vivent leur action politique comme un service, comme une manière de faire régner le Christ Roi à travers eux, alors il peut y avoir une présence du Royaume de Dieu dans la Cité.
La Cité de Dieu n'est pas celle des hommes, mais la Cité de Dieu peut féconder celle des hommes à travers les dirigeants chrétiens. C'est tout le message que nous a donné Pie XI quand il a institué la fête du Christ-Roi avec l’encyclique Quas Primas.
Adveniat regnum tuum !
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