Le coup de gueule de Pierre TEQUI

 Comment obtenir un Trump français ?


En répétant les conneries des démocrates ? Et si possible, en agaçant les électeurs en amont des élections ; par exemple, en leur envoyant des signaux comme celui-ci : on a appris que plus de 80 librairies en France ont décidé de ne plus vendre les livres édités par le groupe Hachette, propriété de Vivendi, le conglomérat dirigé par Vincent Bolloré. Il s’agit de protester contre l’influence croissante de Bolloré dans les médias et l’édition, accusé de promouvoir des valeurs réactionnaires et d’extrême droite.


Nos courageux libraires n’y vont pas par quatre chemins : ils dénoncent une « entreprise de conquête hégémonique de nos imaginaires » et soulignent que des figures politiques d’extrême droite, telles que Jordan Bardella et Philippe de Villiers, sont désormais publiées par des maisons du groupe Hachette, comme Fayard.

On ajoutera que leur action s’inscrit dans une campagne plus large intitulée « Désarmer l’Empire Bolloré », lancée en juillet dernier par plusieurs collectifs écologistes, syndicaux, décoloniaux et féministes, visant à contrer la concentration des médias et à défendre la diversité culturelle.


Ce genre d’action ne m’étonne guère. À Paris, je n’ai vraiment l’habitude que d’aller chez Gibert ou à l’Écume des Pages. Je rentre de temps en temps dans d’autres librairies parisiennes… j’y trouve des essais féministes, du Mona Chollet en tête de gondole, les éditions Agone, l’Échappée, La Fabrique… on invite Salomé Saqué, on recommande Aurélien Barrau, on met en avant Hugo Clément, on vous dit que Mahmoud Darwich est le plus grand poète contemporain. Si vous voulez un livre de Despentes : ils y sont tous ; et si vous voulez un livre édité par Gallimard, il vaut mieux que ce soit celui de Marie NDiaye.


Mais si vous cherchez l’Encyclopédie des nuisances, des petits fanzines de littérature prolétarienne ; si vous voulez un truc édité au Cerf, en dehors de la Procure ; si vous cherchez un essai portant sur des problématiques contemporaines édité aux Belles Lettres, alors, vous ne trouverez rien.


Depuis plusieurs années, j’ai compris que les librairies étaient comme les théâtres subventionnés : des lieux qui n’étaient pas faits pour moi ; des espaces où ce qui m’intéresse n’a pas droit de cité, un territoire réservé à d’autres.


Et ce qui m’emmerde profondément, c’est que ce n’est pas en regardant CNews que je vais me sentir à l’aise intellectuellement - parce que je n’ai pas la télévision et que j’aime la subtilité d’esprit. Et parce qu’au fond je n’ai pas grand-chose contre tous ces auteurs de gauche que j’ai mentionnés, d’autant que, bien souvent, je les ai lus, et avec intérêt.


Mais voilà, je n’aime pas la censure. Et je n’aime pas non plus les petits malins qui se disent que leur mission consiste à protéger les cervelets ; surtout si ça implique de concevoir une passoire qui est absurde au point de filtrer l’éditeur plutôt que l’auteur.


Mais allez-y, continuez ainsi… continuez, mais jetez un œil à ce qui s’est passé aux États-Unis, à ce qui a fait mouche : au cours de sa campagne, Donald Trump a fréquemment dénoncé ce qu’il percevait comme une censure exercée par les démocrates et les grandes entreprises technologiques, qu’il a accusées de restreindre la liberté d’expression des conservateurs. Il a promis de « démanteler le cartel de la censure » et de « rétablir la liberté d’expression pour les Américains ordinaires ». Et désormais, c’est ce à quoi il s’attelle : il a nommé Brendan Carr à la tête de la Federal Communications Commission (FCC), le qualifiant de « guerrier de la liberté d’expression ». Carr a exprimé son intention de s’attaquer aux géants de la technologie tels que Facebook, Google, Apple et Microsoft, qu’il accuse d’imposer des récits unilatéraux et de censurer les voix conservatrices. De plus, Trump a critiqué les médias traditionnels, les accusant de diffuser de fausses informations et de favoriser une vision « politiquement correcte » au profit des élites. Enfin, il a exprimé son désir de modifier les lois sur la diffamation pour faciliter les poursuites contre les journalistes publiant des articles qu’il juge « négatifs et horribles ».


Le fait que le CSA ait mis en demeure des chaînes populaires, le fait que des libraires ne veuillent plus distribuer de livres relevant du groupe de Bolloré, et tant d’autres exemples…

Il faudrait que les électeurs de gauche se mettent sérieusement à étudier le résultat des élections américaines, si toutefois ils veulent en éviter la répétition en France…


En 2027, j’ai envie d’une droite intelligente à la tête de notre pays ; pas d’un remake du mec à la tête orange.

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